La Tanière – Achille Emana: «Si on fait appel à moi, je viendrai avec plaisir»

Achille Emana évolue aujourd’hui à Al Ahli, aux Émirats Arabes Unis. Pour Foot Mercato, le milieu offensif a évoqué cette aventure exotique et la vie au Moyen-Orient avant de se dire disponible pour revenir en sélection du Cameroun.

Passé par Toulouse (2002-2008) et le Betis Séville (2008-2011), Achille Emana évolue aujourd’hui à Al Ahli, aux Émirats Arabes Unis. Pour Foot Mercato, le milieu offensif a évoqué cette aventure exotique et la vie au Moyen-Orient avant de se dire disponible pour revenir en sélection du Cameroun.

Tout d’abord, comment allez-vous ?

Oui ça va, tout va bien. Un peu fatigué par la préparation, mais tout va bien !

Justement, comment se passe la préparation de la saison à venir avec votre club, Al Ahli ?

Franchement, ce n’est pas évident. Avec le ramadan, on s’entraîne très très tard, aux alentours de 22 heures, 22 heures 30. Honnêtement, ce n’est pas évident. Le championnat reprend le 23 septembre. On a un stage en Espagne après le ramadan. On part tous en Espagne et on revient ensuite pour reprendre par la Coupe. On va s’atteler à bien se concentrer sur la partie physique, c’est la base d’une saison réussie.

Quel bilan dressez-vous de vos six premiers mois passés à Al Ahli, aux Émirats Arabes Unis ?

Je suis très content. C’est un bon bilan, positif. Franchement, au début, je n’y pensais pas. Tout le monde me disait que c’était un championnat vieux, où jouaient des gens âgés. Mais c’est finalement très différent. Tactiquement, c’est un peu limité. Physiquement, aussi. Mais techniquement et sur le plan athlétique, si on en n’a pas dans le ventre, c’est compliqué.

Parlons un peu de la sélection du Cameroun. Vous n’avez plus été appelé depuis près de deux ans. Plusieurs polémiques ont secoué les Lions Indomptables. Quelle est votre position par rapport à tout cela ?

Mon sentiment a toujours été très simple : je suis camerounais et je resterai camerounais. J’ai toujours défendu les couleurs du Cameroun comme j’ai pu et de toutes mes forces. On est trois à avoir été bannis sans savoir pourquoi. Mais aujourd’hui, je suis le seul à ne pas avoir été rappelé, sans savoir pourquoi, sans explications. Je ne me prends pas la tête. Bien sûr, si on m’appelle, j’irai pour défendre les couleurs du Cameroun, c’est certain. Je ne dirai jamais non.

L’envie est-elle toujours là ?

En tant que Camerounais, on a toujours envie de défendre le maillot de la sélection. Je l’ai défendu pendant 15 ans, ce n’est pas aujourd’hui que je vais dire que je veux arrêter de le défendre. Malgré tout ce qu’il s’est passé, il faut savoir mettre un peu d’eau dans son vin. Aujourd’hui, tout ça appartient au passé. Des choses ont changé. Si on me demande de revenir, je ne vais pas dire non. Il faut savoir avancer. Si on fait appel à moi, je viendrai avec plaisir.

Êtes-vous en contact avec le nouveau sélectionneur ?

Non, personne ne m’a contacté. Je suis étonné. Mais bon, il faut savoir prendre sur soir. Il faut continuer son petit chemin. Et si aujourd’hui on me dit que je suis sélectionné, je vais prendre mon avion, je vais venir, je vais défendre les couleurs sans rechigner, sans penser à ce qu’il s’est passé.

Parlez-nous un peu de la vie aux Émirats ?

Ça se passe très bien. Comme en Afrique, on mange très bien ici. Et même si la vie ici est super chère, ça va. On est assez tranquille. Les gens vous laissent tranquille, ne vous dérangent pas. Il y a des choses interdites ici, mais c’est tout de même ouvert.

Vous ne regrettez donc pas votre choix ?

Non, pas du tout. Je ne regrette rien. Aller en Arabie Saoudite l’été dernier était un changement radical. Venir à Dubaï aussi. Mais finalement, c’est un très bon choix. Je suis très content. J’ai donc signé pour deux ans plus un en option.

Avant de vous engager définitivement avec Al Ahli, avez-vous eu des opportunités pour revenir en Europe ?

Juste en Espagne. J’avais quelques opportunités dans des bons clubs. Mais en Espagne, ce n’était pas évident de régler la question financière. Je m’étais tout de même engagé pour quatre ans en Arabie Saoudite. Alors il fallait régler le montant du transfert.

Continuez-vous à suivre la Liga et la Ligue 1 ?

Bien sûr, je suis toujours mes anciennes équipes, le Betis Séville et Toulouse. J’ai pris les chaînes françaises et espagnoles pour pouvoir voir tous les matches. Ce sont deux clubs où j’ai fait la majeure partie de ma carrière, j’en garde de très bons souvenirs et je ne vais pas les oublier. Je continue à les suivre.

On a l’impression, vu d’ici, que le Moyen Orient s’ouvre petit à petit au football. Vous qui êtes sur place, en prenez-vous la mesure ?

Avant, c’était un championnat fermé. Aujourd’hui, il y a de plus en plus d’étrangers qui viennent, même s’il y a toujours la loi du 3+1 (3 étrangers + 1 joueur issu du même continent). Au fur et à mesure, c’est en train de s’ouvrir, tant chez les joueurs que chez les entraîneurs. Par exemple, nous avons Quique Sanchez Flores comme entraîneur aujourd’hui. Il a changé complètement l’équipe. On a bien fini le championnat, on a gagné une Coupe. Les mentalités évoluent et le football progresse. Quelqu’un comme Maradona, qui entraînait Al Wasl, a également fait beaucoup pour la promotion. De même que les joueurs étrangers apportent un plus et font progresser le football ici.

Le public est-il consommateur de football ?

Ils suivent beaucoup le football européen, même plus que le leur ! Ils regardent énormément le football espagnol et le football anglais. Ici, ils adorent le beau football, la technique. Alors, le Real Madrid, le FC Barcelone, le FC Valence et le Betis, ils aiment forcément.

Que peut-on vous souhaiter pour cette saison ?

De faire un bon championnat comme la saison dernière et surtout avoir la santé, c’est le principal. Physiquement et mentalement. Je travaille dur pour ça ici. J’espère qu’on pourra faire quelque chose de bien et qu’on ne commettra pas les mêmes erreurs.